Ma renaissance devant Saturne...
- Par eclipseastronomie
- Le 02/04/2011
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Le 1er Avril 2011, alors que certains s'amusaient à faire des poissons d'Avril, je préparai à nouveau mon matériel pour une soirée d'observation bien particulière... en effet, le club Cassiopée avait prévu de se réunir pour admirer Saturne à l'observatoire. Je ne résiste bien évidemment pas, il faut que je vous raconte!
20h30: Le 114/900 est emballé et placé dans la voiture. Nous partons vers Rocbaron. Pendant le trajet, je scrute le ciel à la recherche des premières étoiles... et là, première déception: les brumes sont presque partout! Et oui, les températures sont montées jusqu'à 27°C aujourd'hui! Dès lors, les brumes dûes à la chaleur sont encore présentes, mais pas de panique, on aperçoit quand-même deux constellations, ainsi que Saturne (il en faut peu pour être heureux n'est-ce pas?) ! Vers 21h environ, nous voilà à l'observatoire... la moitié du ciel est floue, on ne voit que les grosses étoiles, mais Saturne est toujours bien visible. Il fait alors 15°... forçément, ça change du 27°C de l'après midi!!!
Après avoir ouvert les coupoles et le local, chacun prépare son instrument. Pour cette soirée, il y a un Mizar 114/900, un Celestron C11, et la célèbre lunette de Rocbaron, dont le diamètre s'élève à 230mm. Les jumelles sont également sorties pour admirer le ciel pendant la mise en température des télescopes.
Histoire de bien commencer, j'ai d'abord pointé l'amas d'étoiles M38, dans la constellation du Cocher. Au départ, la recherche de l'objet s'est avérée assez difficile, mais au final, j'ai été récompensé par une très belle image, même si la luminosité était atténuée par la brume. Autant d'étoiles dans une si petite zone, c'est génial! Ce petit début d'observation a été perturbé par un nuage un peu épais, et j'ai donc été obligé d'abandonner M38 . Heureusement, il y avait autre chose à voir! Au moment où j'allais pointer l'amas des Pléiades, le directeur a alors annoncé que la lunette était prête... à partir de là, c'était l'heure de l'assaut! Tous à l'attaque de Saturne! Objectif: vaincre la brume et traquer les plus belles images du "seigneur des anneaux". Nous avons tourné le toit de la coupole, orienté la lunette apochromatique vers le "point orangé". En premier lieu, on s'est offert un "mise en bouche" bien sympa avec un grossissement de 45 fois. Hum pas mal du tout... on voyait les anneaux, la division de Cassini, et deux satellites. Il s'agissait là d'un belle image, mais on pouvait certainement faire mieux. De mon côté, je suis allé pointer Saturne avec le 114, et en combinant un oculaire de 17mm avec une lentille de barlow X2, j'ai pu voir la planète avec un grossissement de 100 fois environ. Là, l'image parlait d'elle-même: tout était net, de très fins détails apparaissaient. En comparaison, on pouvait clairement voir l'espace vide entre les anneaux et la planète, tandis que depuis mon jardin (situé en zone urbaine), ce vide est difficile à voir. Avec ça, ne venez pas me dire que la pollution lumineuse c'est du n'importe quoi! Bon, après cette petite obesrvation, je suis retourné à la lulu, car on a augmenté le grossissement: de 100 fois, on est passé à 500 fois!
Ca y est, j'entends déjà des astronomes crier. Et pourtant, j'ai bel-et-bien écrit "500 fois"... vous n'arrivez pas à lire? Attendez, lisez ça: "500 FOIS". C'est mieux là? Fort bien. Effectivement, nous avons réussi à observer Saturne avec un grossissement de 500 fois. Et pour cause: la brume était en train de disparaître, laissant place à un ciel parfaitement stable. Et cela n'a fait que s'améliorer durant la nuit! Ainsi, Saturne a dévoilé sa véritable nature... devant nous, il y avait trois satellites à gauche de la planète, et un quatrième se devinait au bord droit des anneaux. Ah les fameux anneaux: ils étaient splendides! (Je pense qu'aucun mot ne sera suffisant pour décrire les anneaux que nous avons observé ce soir-là, car c'était une situation vraiment exceptionnelle) Il était possible de distinguer les nuances de couleur sans aucun problème. La division de Cassini était nette, presque au centre des anneaux. De plus, l'ombre de ces derniers était visible sur la planète. Un vrai régal! Alors, étant donné que le ciel était stable et qu'on était devant l'instrument, on a tenté d'augmenter le grossissement...
[ C'est alors que les lecteurs de ce CROA se mirent à penser que nous sommes fous... Mais nous ne le sommes pas! ]
Après 500 fois, 700 fois. Sept fois plus qu'avec mon 114/900. Un chiffre impressionnant, surtout quand on n'a pas l'habitude d'observer souvent avec une telle performance. Le ciel est capricieux, mais pour une fois, il nous a fait un beau cadeau. Et on en a profité! Certains pourraient penser que l'image présentait du chromatisme... même pas! C'est là qu'il faut dire merci à la lunette apochromatique de Rocbaron. La qualité du matériel est excellente. Il n'y avait aucun défaut sur l'image. Cela montre donc que l'optique est très bonne! Enfin bref, à 700 fois, Saturne était magnifique, grandiose, majestueuse! Désormais, on voyait la division de Cassini, mais aussi la division de Encke et celle de Keeler! Une première pour moi! Les anneaux semblaient être de couleur un peu laiteuse au bord, avec un dégradé qui allait jusqu'à beige clair. L'extrémité des anneaux donnait l'impression de se fondre dans le noir du fond du ciel, mais restait fine et bien définie malgré tout. Puis, à l'intérieur des anneaux, les divisions étaient minces et séparées, légèrement grisâtres. Elles semblaient se rejoindre devant la planète. A ceci s'ajoutait ce que l'on appelle des spots, c'est-à-dire des zones des anneaux qui sont plus denses que le reste. En apparence, cela ressemblait à des petis grains de poussière qui s'étalaient par endroits! Comme vous pouvez le constater, cette image est mythique pour ceux qui l'ont vue.
Vers 23h20, j'ai fait une petite pause pour aller observer M42. L'absence de lumière artificielle perméttait de voir les petites étoiles de la nébuleuse. Le trapèze était par ailleurs bien défini, et la nébuleuse semblait légèrement verte, ce qui offrait une belle vue! Peu après, j'ai observé les Pléiades aux jumelles. Pour un peu, j'allais les oublier! Mais une fois l'observation terminée, une sorte de nostalgie s'est emparée de moi... il fallait que je retourne voir le seigneur des anneaux! C'est ainsi que tout le reste de la soirée a été consacré à Saturne.
La lunette de 230mm a pu être exploitée au mieux... grâce à son moteur double axe et sa monture massive, il a été possible de suivre la planète sans aucun problème. L'instrument était tellement stable que l'image ne tremblait pas! Pour l'anecdote, je me suis cogné deux fois la tête au porte-oculaire, et malgré ça, la lunette n'a pas été déréglée, et l'image n'a quasiment pas bougé! C'était presque un miracle. Autrement, je tiens à dire que les images obtenues s'avéraient tout aussi belles que les clichés des sondes Cassini, Voyager et Hubble. Bref, on pouvait qualifier ces images comme étant hallucinantes! Et le mieux dans tout ça, c'est qu'on ne voyait que des couleurs naturelles. Aucun filtre n'a été utilisé. Vous ne me croyez pas? Dans ce cas, je vous invite à consulter les membres du club qui étaient présents ce soir-là, ils sont des témoins! Mieux encore, venez donc observer par vous même, l'observatoire se fera une joie de vous accueillir!
Cette soirée d'observation a été une réussite totale. L'ambiance chaleureuse et conviviale s'est avérée d'autant plus appréciable grâce à cette passion de l'astronomie que tous ont partagé, une fois de plus. Les astrams ainsi présents ont pris plaisir à échanger sur divers sujets, tout comme moi d'ailleurs!
Ah, dernière chose: Nous avons également observé Saturne avec le Celestron... Avec un système binoculaire, on a pu voir la planète en relief comme si on utilisait des jumelles. Associé à cela, nous avons mis des oculaires de haute qualité, et avons obtenu une image saisissante, comparable à ce que nous avions vu auparavant avec la lunette. Ici, on appelle ça "l'effet Rocbaron"!
Nous sommes partis vers minuit, au moment où il ne faisait que 11°C. Le ciel était si clair que l'on voyait de nombreuses nébuleuses et amas d'étoiles à l'oeil nu.
Tous ces souvenirs ne sont pas un poisson d'Avril, et croyez-moi, après une si belle soirée, ma passion pour l'astronomie s'affirme d'autant plus...
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